Les habitants de Gibraltar redoutent le Brexit• Crédits : Sébastien Berriot - Radio France
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Selon le Sunday Telegraph, le Royaume-uni serait prêt à payer à l'Union-européenne 40 milliards d'euros dans le cadre du règlement financier sur le Brexit. Le sujet fait débat en Angleterre, et il y aussi la question de Gilbraltar qui s'invite dans les discussions.
Le coût du Brexit continue de faire débat en Grande-Bretagne, et ce qui a relancé le sujet et mis le feu aux poudres, c'est une information parue en Angleterre dans le Sunday Telegraph. Selon le journal, la Grande-Bretagne est prête à payer la somme de 40 milliards d'euros à l'Union européenne, dans le cadre du règlement financier du Brexit.
Le Sunday Telegraph cite des sources gouvernementales britanniques parlant sous couvert de l'anonymat. C'est la première fois que de façon semi-officielle un montant chiffré est ainsi avancé pour la facture du Brexit. Dans le détail, toujours selon le même journal, les 40 milliards d'euros seraient répartis sur plusieurs années : des paiements annuels de 10 milliards d'euros dont une partie serait réglée après la sortie de l'Union européenne.
Le journal Le Temps de Lausanne rappelle que 40 milliards d'euros, c'est une somme qui est bien inférieure aux 100 milliards évoqués par Bruxelles au moment de l'annonce du Brexit, mais c'est quand même évidemment une somme considérable, une pilule difficile à faire avaler à la population britannique.
C'est sans doute pour cette raison que le 10 Dowming Street cité par The Independant a minimisé l'information du Sunday Telegraph. On explique que Theresa May doit prononcer un discours à la fin de l'été dans lequel elle précisera le détail d'une éventuelle offre financière proposée à Bruxelles.
La somme de 40 milliards d'euros en tout cas a fait bondir de nombreux responsables britanniques, notamment le député conservateur Peter Bone qui s'exprime dans les colonnes du Guardian. Selon lui, "il est peu probable que le parlement vote en faveur d'une somme aussi importante". Et le député tory va plus loin. Il conteste le principe même d'un règlement financier. "L'une des principales raisons dit il pour lesquelles le royaume-uni a décidé de quitter l'Union européenne, c'est d'arrêter d'envoyer des milliards de Livres par an à Bruxelles. Il serait ajoute-t-il totalement bizarre de continuer à donner après la sortie". Selon Peter Bone, le Royaume-uni a déboursé depuis qu'il est membre de l'UE plus de 220 milliards d'euros et le député de conclure : "s'il devait y avoir aujourd'hui un transfert d'argent, il serait de l'Union européenne vers le Royaume-un et non pas dans le sens inverse".
Un point de vu résumé de façon peu diplomatique par le secrétaire au Foreign office cité par le Guardian. Pour Boris Johnson, "l'Europe peut toujours courir".
Sauf que la Grande-Bretagne a encore besoin de l'Union européenne. The Independant explique que si des sources gouvernementales ont lancé ce chiffre de 40 milliards d'euros, ce n'est pas un hasard . C'est une manière de ne pas braquer la commission européenne, dans la perspective des futures négociations commerciales.
Londres ne peut pas se passer d'un accord sur le commerce avec l'Europe et une facture du divorce acceptable par Bruxelles pourrait permettre de faciliter les discussions.
Selon The Economist, un Brexit sans accord commercial serait catastrophique pour le Royaume-uni car il pourrait aboutir à une chute de 40% des échanges commerciaux du pays. Les Britanniques ont donc intérêt à faire des compromis sur cette facture du divorce pour obtenir en échange un accord commercial le plus favorable possible.
A Bruxelles, en tout cas, on met la pression sur le gouvernement britannique. Le journal Le Temps explique qu'avant de démarrer toute discussion sur un accord de libre échange, l'Europe exigera des progrès sur trois points : les droits des citoyens européens résidant en Grande-Bretagne, la question de la frontière entre l'Ulster et l'Irlande et surtout donc le règlement financier du Brexit.
Pour le commissaire européenn au budget qui s'exprime ce matin dans le quotidien allemand Bild, le Brexit va laisser un gouffre de 10 à 12 milliards d'euros dans les caisses de l'UE, et pour lui le Royaume-uni devra continuer de payer au moins jusqu'en 2020.
Le Brexit remet un vieux dossier sur le devant de la scène, c'est celui de Gilbraltar
Gibraltar qui fait depuis des années l'objet d'un bras de fer très virulent entre la Grande-Bretagne et l'Espagne.
Depuis l'annonce du Brexit, le gouvernement espagnol n'a pas caché son intention de profiter de cet évènement pour récupérer le rocher de 6 kilomètres carrés qui est sous domination britannique depuis 1713 et que Madrid considère comme une colonie, dans un secteur hautement stratégique entre Europe et Afrique.
Un dossier épineux qui pourrait venir compliquer sérieusement les négociations sur le Brexit, l'Espagne ayant montré dans un premier temps sa volonté d'inclure le cas de Gibraltar dans les discussions.
Mais Madrid a visiblement décidé d'assouplir quelque peu sa position. Ce matin, dans les colonnes du quotidien espagnol ABC, le ministre des affaires étrangères Alfonso Dastis, assure que l'Espagne ne fera pas de la récupération de Gibraltar une condition dans les négociations sur le Brexit.
Même si la revendication sur la souveraineté du rocher n'est pas pour autant abandonnée. Le chef de la diplomatie rappelle que la proposition espagnole de double nationalité pour les 30 000 habitants de Gibraltar tient toujours. Une co-souveraineté espagnole et britannique qui pour Madrid déboucherait ensuite sur la restitution du territoire à l'Espagne.
Un point de vu que Londres ne partage pas du tout. Le Telegraph explique que le gouvernement britannique s'est engagé, lui, à impliquer Gibraltar de manière totale dans les négociations sur le Brexit, et à défendre les habitants du rocher qui ont toujours affiché leur volonté de rester dans un territoire britannique d'outre-mer.
Auteurs : Thomas Cluzel, Sébastien Berriot
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