Doctolib, Mondocteur… Comment ces plateformes changent la relation entre patient et soignant?
Pour éviter les consultations inutiles : Citizen DocComment est votre transit ? Voilà le genre de question intime à laquelle vous pouvez discrètement répondre sur cette application Citizen Doc. Qui permet de faire le tri entre petit bobo et vraie maladie. Destiné au grand public, cet outil propose un questionnaire sur votre état et vos symptômes… pour ensuite délivrer des conseils alimentaires, de posture et des médicaments. L’occasion d’éviter des jours d’attente quand on a une simple constipation. Mais aucune ordonnance n’est délivrée, seuls les médicaments de confort en vente libre et donc non remboursés sont conseillés.
« Le but, c’est d’éviter les consultations inutiles chez le généraliste et aux urgences », résume Arthur André, président de Citizen Doc et médecin neurochirurgien. Qui tente de rassurer : ce service de pré-diagnostic de poche n’est pas là pour remplacer un médecin. « Si les symptômes nous semblent inquiétants, une alerte sous forme de "le doc est inquiet, il vaut mieux consulter" est reçue par l’internaute. » Si cette application a été lancée il y a un an et demi et a proposé 80.000 diagnostics, à partir de fin janvier, l’application déterminera quel spécialiste vous devriez aller voir (si besoin).
Rhume: Quand faut-il consulter son médecin pour un coup de froid?
Pour plus de sociabilité à l’hôpital : My Hospi Friends
Vous êtes fan d’aviation et de série ? Cela tombe bien, un autre patient du service oncologie aussi ! Cette application sort du médical pour proposer un réseau social aux patients pendant leur hospitalisation… et casser un peu routine et isolement. « J’ai eu un accident de voiture en 2011 et j’ai passé six mois à m’ennuyer dans ma chambre d’hôpital », raconte Julien Artu, cofondateur et président de My Hospi Friends. Le problème, c’est que Facebook vous met en relation avec des amis, Twitter commente l’actualité, LinkedIn aide à chercher du boulot, mais quand vous êtes bloquéà l’hôpital ce n’est pas très utile ! »
C’est pourquoi il a l’idée de créer un réseau social pour les patients, pas en fonction de leur pathologie, mais de leurs passions. « Une amie est hospitalisée à Gustave Roussy pour un cancer, raconte le cofondateur. C’est plus sympa de discuter mode et gastronomie avec d’autres patients et de s’échanger des conseils sur les bonnes boutiques de perruques ! »
Avec un engagement : les données récoltées ne seront pas revendues à l’avenir à des entreprises pharmaceutiques. Et le service, gratuit pour l’utilisateur (environ 10.000), mais payant par l’hôpital, fait petit à petit son apparition dans les services. Le 15 janvier, un cinquantième hôpital s’inscrira sur la liste : la Fondation ophtalmologique Adolphe de Rotschild, à Paris 19e.
Pour un suivi connecté post opératoire : e-fitback
Une petite poussée de fièvre après une opération et c’est la panique. e-fitback, un site et une application, vise à simplifier l’avant et l’après opération. Si au début, les deux cofondateurs ciblaient uniquement les personnes qui sortent de chirurgie, un an après son lancement, e-fitback peut être utilisé par des personnes suivies en psychiatrie, pour des problèmes cardiaques, pour un cancer…
Premier avantage : faciliter les démarches administratives. « Au lieu de perdre du temps à remplir de la paperasse à l’hôpital pour la préparation de l’opération, les documents de consentement, vous pouvez tout anticiper chez vous », résume Alexandre Falzon, co-fondateur. De même, le patient peut faire une visite virtuelle de l’hôpital, demander un service (la télévision, un taxi) et savoir comment se préparer (douche à la bétadine, quel médicament prendre la veille…).
Mais c’est surtout un suivi numérique précieux qui est proposé. « Pendant les cinq jours après l’opération, le patient répond à des questionnaires en fonction de sa pathologie et du type d’intervention », reprend le cofondateur. Ainsi, grâce à des algorithmes, une alerte prévient le soignant en cas de souci, qui rappelle le patient.
Une surcharge de travail pour les soignants ? « Au contraire, assure Alexandre Falzon. Normalement, ils perdent du temps à faire l’appel du lendemain parfois inutile. Là, ils n’ont rien à surveiller mais une alerte apparaît sur leur tableau de bord si un de leurs patients a besoin d’être rappelé ». Objectif ? Encourager la prise en charge en ambulatoire, c’est-à-dire réduire et même supprimer les hospitalisations. « Souvent, les patients sont pressés de rentrer chez eux, mais en même temps ils sont inquiets », reprend le cofondateur. Et ambulatoire rime avec économies pour la Sécurité sociale. Ce qui n’a pas échappéà Marisol Touraine : fin décembre, les créateurs ont été reçus au ministère de la Santé pour « voir de quelle manière on peut rapprocher l’hôpital de la ville. Notamment en connectant notre application et le futur Dossier Médical Partagé. »
Oihana Gabriel